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Donner des moyens aux Urgences : un moyen efficace pour réduire les recours aux mises en chambres d’isolement et aux contentions en psychiatrie !

Depuis quelques jours nous assistons à un mouvement social fort dans les services d’Urgences. Parti de l’AP-HP (Assistance publique Hôpitaux de Paris), ce mouvement est en train de gagner de nombreux services d’Urgences de province.

Une des revendications de ce mouvement c’est d’avoir les moyens de prendre en compte les demandes de patients présentant des pathologies psychiatriques, pour lesquelles les services d’Urgences ne sont pas adaptées et les personnels pas formés.

Nombre d’établissements psychiatriques ont adopté une procédure qui impose un bilan somatique aux Urgences avant toute hospitalisation en psychiatrie. Cela part d’un bon sentiment, puisque au nom de la prise en charge de la globalité de la personne, il vise à ce que ces personnes ne soient pas prises en charge uniquement psychiquement mais aussi somatiquement. Mais les moyens de sa mise en œuvre n’ont pas suivi.

Ainsi tout patient désirant se faire hospitaliser en psychiatrie doit d’abord se présenter aux Urgences de l’hôpital général. Ces personnes, consentantes aux soins sont souvent dans un état psychique de crise très douloureux. Ils ont besoin de se poser au calme pour reprendre le dessus par rapport à tout ce qui les agite psychiquement.

Et là elles se retrouvent dans le « Maelstrom » que connaissent tous ceux qui ont affaire avec les Urgences. Mélange d’agitation, d’angoisse et d’attente interminable où on a l’impression d’être oublié, abandonné.

De ce fait, bien souvent, l’angoisse de la personne s’amplifie. Elle commence à s’agiter.

Et c’est là que la machine infernale s’enclenche. Puisqu’elle présente des symptômes psychiques avérés, on ne peut pas la laisser partir. Mais comme on ne peut pas s’en occuper tout de suite ( il y a quand même de « vraies urgences » qui sont prioritaires), qu’elle commence à perturber sérieusement le service, que les soignants commencent à craindre pour leur sécurité, on va la contentionner (terme moderne pour dire enchaîner) sur un brancard.

Mais, comme on n’a pas le droit d’attacher un citoyen qui vient librement demander des soins, on va le mettre en « HDT » (Hospitalisation à la Demande d’un Tiers) qui est une des forme d’internement contre la volonté du Citoyen.

Tout cela va générer beaucoup d’agitation, d’angoisse au niveau des Urgences, tant du côté des soignants que des patients. Le service va être perturbé, désorganisé, alors qu’il a déjà du mal à gérer le quotidien.

Cela n’arriverait plus si on augmentait qualitativement et quantitativement les moyens des Urgences en leur dédiant 24h/24 une équipe de psychiatrie de liaison formée pour accueillir, accompagner et apaiser ces patients.

Au lieu de cela on parle d’une éventuelle prime de risque pour les personnels. Non seulement cela ne règlerait pas le problème de fond, mais au contraire l’évacue.

Les incidences de ce manque de moyens ne sont pas qu’au niveau des services des Urgences.

C’est l’une des causes de l’inflation de mise en chambre d’isolement avec contention des patients hospitalisés en psychiatrie.

Lorsque cette personne attachée sur son brancard, aura enfin eu son examen somatique, le service des Urgences va prendre contact avec l’unité d’hospitalisation du Secteur de psychiatrie dont elle relève.

Mais là où il aurait suffit de prévenir qu’il leur adresse un « entrant » et qu’il va falloir lui trouver un lit (ce qui au vu du manque de lits dans de nombreux secteurs n’est déjà pas simple), on va préciser : « le patient est agité et contentionné, il lui faut une chambre d’isolement ! »

Ce qui va d’emblée générer de l’angoisse dans l’équipe de psychiatrie, surtout si c’est un patient qu’on ne connaît pas.

Ainsi cette personne qui quelques heures auparavant était en demande de soins se retrouve en soins sous contrainte, contentionnée, en isolement, avec une étiquette de patient violent et dangereux Au lieu d’être accueilli avec bienveillance et rassuré par les soignants pour établir un lien de confiance, les rapports entre ce patient et l’équipe vont d’emblée être tendus, suspicieux.

Aujourd’hui tout le monde constate une augmentation de la violence dans les services de psychiatrie.

Il faut savoir que s’il est relativement facile de mettre quelqu’un en chambre d’isolement. C’est toujours plus compliqué de mettre fin à cette mesure, puisque cela exige de l’équipe de prendre le risque que cela se passe mal. Mais la « culture » moderne du protocole ne tolère pas le risque. Pourtant la prise de risque est indissociable de la clinique en psychiatrie.

L’augmentation exponentielle du recours à l’isolement et à la contention est un des problèmes majeurs de la psychiatrie contemporaine, alors que dans les années 80 le mouvement était d’aller vers la suppression de ces pratiques.

Si l’on traitait cette violence institutionnelle on diminuerait considérablement le sentiment d’insécurité de part et d’autre. Cela réduirait sensiblement le recours aux chambres d’isolement et à la contention.

Alors oui le combat de nos collègues des Urgences pour avoir plus de moyens pour mieux accueillir la population est notre combat pour arriver à un Printemps d’une psychiatrie plus humaine. Une psychiatrie soucieuse de l’humain.

La manière dont l’humain est malmené dans les services d’Urgences comme en psychiatrie est révélatrice de la manière dont l’humain est considéré dans notre société.

Et si on décidait que ce soit l’Humain d’abord !

Serge Klopp

représentant du PCF

au Printemps de la psychiatrie

 

 

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Donner des moyens aux Urgences : un moyen efficace pour réduire les recours aux  mises en chambres d’isolement et aux contentions en psychiatrie !

le 02 May 2019

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