Commission santé et protection sociale du Parti communiste français

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Régler le manque de personnel médical et non médical

 

Propositions :

  • Former 9500 médecins par an d’ici deux ans et mettre en place une gestion prévisionnelle du nombre de spécialistes en fonction des besoins de la population

  • Former 50 000 infirmières nouvelles par an

  • Donner aux facultés de médecine les moyens humains et financiers d’accueillir ces étudiants

  • Ouvrir les instituts de formation nécessaires

  • Relancer les diverses filières professionnelles

Chacun peut le constater : il devient de plus en plus difficile de trouver un médecin. Dans les campagnes, c’est la désertification médicale : les médecins prennent leur retraite et n’ont pas de successeurs. Dans les villes, le mouvement est le même. Les généralistes sont surchargés, souvent ne prennent plus de nouveaux patients. Les spécialistes passent aux honoraires libres. Des spécialités comme la pédiatrie, l’ophtalmologie et la gynécologie médicale sont en voie de disparition en ambulatoire, les médecins de prévention (médecine du travail, scolaire) sont aussi en déclin. A l’hôpital public, les files d’attente s’allongent aux urgences ; il faut facilement trois mois pour avoir un rendez-vous.

Quelle en est la raison ? C’est simple : au début des années 80, il a été décidé de réduire le nombre de médecins en formation. Un concours sévère a été institué en fin de première année et on est passé ainsi de 10 000 médecins formés au plus haut à 2 700 au plus bas. Puis les chiffres ont légèrement augmenté ces dernières années et maintenant on est aux environs de 7500 reçus chaque année. Il y avait deux raisons à cette décision. D’une part les pouvoirs publics ont considérés que plus il y aurait de médecins, plus il y aurait de dépenses de santé. C’est bien connu, c’est à cause des médecins qu’il y a des malades… D’autre part les syndicats de médecins libéraux ont considéré que moins il y aurait de médecins, meilleurs seraient leurs revenus. Cette conjonction malthusienne a produit ses effets progressivement et maintenant nous sommes devant un désastre.

Evidemment la pensée politique libérale n’avait pas prévu l’augmentation des besoins de la population. Les gens vivent de plus en plus longtemps et nécessitent à ce titre des soins. Les maladies chroniques dégénératives se sont développées. L’aspiration de la population à de meilleurs soins est légitime et la pénurie, aggravant les difficultés d’accès aux soins, retarde ceux-ci. Cette dernière finalement s’avère plutôt inflationniste : une maladie prise en charge trop tard coûte finalement plus cher. Au total les inégalités se creusent : inégalités territoriales et inégalités sociales.

Quant aux syndicats libéraux, ils ont raté leur cible de défense professionnelle puisque les médecins sont épuisés, veulent prendre leur retraite plus tôt qu’autrefois et que les jeunes cherchent à ne plus s’installer. La féminisation, conséquence d’une évolution de la société mais aussi effet d’un concours « républicain » pour lequel le critère de réussite est objectif et égalitaire, fait qu’aujourd’hui plus de la moitié des jeunes médecins de moins de 40 ans sont des femmes. Elles veulent avoir des enfants, une vie de famille normale et ne peuvent plus travailler 70 heures par semaine comme les anciens. Cette aspiration légitime à une qualité de vie normale génère un besoin d’effectifs supplémentaires. De même l’aspiration à un travail de qualité, en équipe avec des formations adéquates nécessite des effectifs plus nombreux. Par ailleurs des besoins nouveaux se font jour : il faut plus de médecins dans la recherche, plus de médecins dans de nouvelles spécialités comme les urgentistes etc. Les politiques ultralibérales développent les contrôles bureaucratiques, multiplient les tâches administratives et un temps médical important est absorbé par ces nouvelles exigences. C’est absurde au moment où la pénurie dans le domaine du soin et de la prévention est là. Beaucoup de généralistes fuient leur spécialité.

Certains maintenant font semblant de chercher des portes de sortie : par exemple ils veulent offrir de l’argent public sans contrôle, sans obligation de tiers-payant ou de respect des tarifs de Sécurité sociale pour favoriser l’implantation de médecins libéraux dans tel ou tel territoire. Tant mieux pour ces territoires, tant pis pour les autres. Ceci ne résoudra rien.

Les problèmes démographiques n’ont de solutions que démographiques ! Il faut prévoir le nombre de médecins dont la société a besoin et donner aux facultés les moyens de formation nécessaire en même temps qu’on les oblige à ouvrir leurs portes. Il y a urgence.

Pour les infirmières et les autres paramédicaux, les problèmes sont du même ordre : les pouvoirs publics ont fermé de nombreuses écoles. Les conditions de travail poussent les infirmières à partir de l’hôpital public et à changer de métier. Les services considérés comme difficiles ont du mal à recruter. Tout ceci doit conduire les pouvoirs publics à ouvrir des négociations sociales et à traiter les problèmes démographiques, de carrière, de conditions de travail et de logement.

Il faut relancer l’emploi qualifié sur l’ensemble des filières avec des mesures incitatives aux études de soignants : financement et rémunération au cours des études en échange de 5 années de travail dans le service public ou dans les zones de déserts médicaux (comme la France a su le faire pour la profession d’enseignant). Il faut rendre attractives ces professions : augmentation des salaires, crèches dans les hôpitaux pour tous les personnels (même les médecins …) ; il faut ouvrir une réflexion sur le temps de travail en particulier pour la nuit et pour les week-ends travaillés, et sur les gardes des médecins. Un débat national avec les syndicats, usagers, élus, sera ouvert sur l’opportunité de créer de nouvelles professions de santé avec par exemple des statuts à prescription et responsabilité limitées.

 

 

 

 

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