Commission santé et protection sociale du Parti communiste français

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Traiter le scandale sanitaire des prisons

 

Propositions :

  • Améliorer les soins en prison mais aussi l’état des prisons

  • Conduire une politique psychiatrique de haut niveau à l’extérieur pour réduire le nombre de malades mentaux à l’intérieur

  • Veiller aux droits de l’homme dans le système de soins aux prisonniers

L’état du système de soins en prison est dégradé. Les hospitalisations, les consultations et les examens demeurent difficiles à obtenir. Dans les cas d’urgence, seuls les très grands établissements pénitentiaires disposent d’une équipe médicale permanente. Ailleurs, il faut faire appel aux SMUR, pompiers etc., avec les aléas de la régulation, le signalement étant alors le fait du personnel pénitentiaire de surveillance. Les autres cas connaissent des délais importants, dus à la fois aux difficultés proprement pénitentiaires, accompagnement, escortes, véhicules, et à la disponibilité des services hospitaliers, surchargés.

Le problème de la psychiatrie

C'est bien sur le champ de psychiatrie que les carences et les problèmes sont les plus dramatiques ! Nous dénonçons la psychiatrisation des prisons. Le « populisme pénal » conduit de plus en plus de gens en prison. Comment soigner en prison ? Pourquoi tout ces malades et ces pauvres en prison ? Un médecin pénitentiaire a écrit : "80 euros le prix de journée en prison contre 600 à l'hôpital. A ce prix-là, on rêverait, au Ministère de la santé, d'emprisonner les cardiaques, les infectés, les diabétiques, les vieux". Un prévenu en état de démence peut être reconnu comme incapable. La Justice décide alors que l'auteur du crime ou du délit n'est pas punissable. En 1992, l'article 122-1 reconduit le principe de l'irresponsabilité pénale des délinquants et criminels dont le discernement était absent pour des raisons psychiques au moment des faits. Mais ce principe est aujourd'hui largement remis en cause par la pratique pénale, qui s'articule désormais autour du concept de responsabilisation.

Des chiffres inquiétants

L'évolution de la population carcérale est la suivante[:

  • En 2006 : 50 207 places opérationnelles pour 60 771 écroués, soit une densité de 121 %.

  • Juillet 2007 : 50 557 places opérationnelles pour 61 810 écroués soit une densité de 122 %.

  • 1er juillet 2008 : 64 250 détenus. La densité était de 126 % en juin 2008, un record absolu.

Selon une enquête épidémiologique, 75% des détenus présentent des troubles psychiatriques divers, 17% des troubles psychotiques, 7% sont schizophrènes, soit sept fois plus que dans la population en général. 66% sont dépressifs. 16% ont déjà été hospitalisés en psychiatrie. 15% ont eu une prise en charge psychiatrique étant enfants. 28% déclarent avoir subi des maltraitances de nature physique, psychologique ou sexuelle. 38% étaient toxicomanes et 33% avaient des problèmes avec l'alcool à leur arrivée en cellule. 40% des hommes et 62% des femmes présentent un risque suicidaire.

La Commission Européenne de Prévention de la Torture note que la prise en charge médicale des détenus particulièrement surveillés, des détenus souffrant de maladie mentale et le traitement des cas de douleur aigüe fait que « le traitement médical se trouve perverti et devient dégradant ». La commission observe également que lors de ses visites en 2006 : « Les patients présentant des états de souffrance aiguë étaient placés dans l'une des cellules d'isolement, traités sous contrainte si nécessaire, et obligés de rester nus en cellule, soumis à un contrôle visuel régulier du personnel pénitentiaire. Il ne fait aucun doute… qu'une telle situation s'apparente à un traitement inhumain et dégradant pour le patient concerné».

La sursuicidité carcérale

En raison, du délabrement de la psychiatrie publique, de plus en plus de malades se retrouvent en prison. On a réduit le nombre de lits psychiatriques, mais on n'a pas développé les nécessaires structures intermédiaires. Et l'on a abandonné les grands malades mentaux. En bout de course, ils arrivent en prison après des ruptures de soins. La prison sert de cache-misère. C'est bien l'asile du 19ème siècle, où se mêlaient les fous, les criminels et les pauvres. On est passé, entre 1987 et 2000, de 83000 à 40000 lits disponibles en psychiatrie. Aux comportements d'automutilation s'ajoutent une centaine de suicides annuels (deux fois plus qu'il y a vingt ans), soit cinq à six fois plus que la moyenne nationale, l'un des taux les plus élevés d'Europe.

La justice rend de plus en plus les malades mentaux responsables de leurs actes en retenant moins l'abolition du discernement au moment de l'infraction que la simple «altération», qui ouvre la voie à la prison. Comme on sait que la psychiatrie délabrée pourra difficilement prendre en charge les malades authentiques et dangereux, on les envoie en prison, où ils seront «un peu» soignés ! Et mis hors d'état de nuire, pour un temps. Mais on peut craindre qu'ils n'en ressortent aussi malades et dangereux qu'à leur entrée, sinon plus. Est-ce le rôle de la prison ?

 

 

 

 

 

 

 

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