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Mercredi 29 octobre, Chris Viehbacher, Directeur Général de Sanofi, a été dégagé

Rappel, commentaires et propositions de

Thierry Bodin, Danielle Sanchez, Danielle Montel, Daniel Vergnaud

Auteurs de Sanofi Big Pharma, l’urgence de la Maîtrise sociale

Pierre Zarka (Observatoire des Mouvements de la Société)

 

Officiellement  (note de Serge Weinberg* au personnel de sanofi) :

« Cette décision a été motivée par la conviction que l’entreprise a besoin d’une direction générale fédérant plus largementfocalisée sur l’exécution et collaborant étroitement…

Cette décision a été unanime ».

*Serge Weinberg est le Président du conseil d’administration de sanofi depuis décembre 2009

Officieusement (propagée par les médias) :

Cette décision serait une querelle de  « famille », due à des incompatibilités entre gens dits responsables, hors du commun, choisis dans le monde pour leurs qualités exceptionnelles dont les rémunérations, les privilèges exorbitants sont justifiées.

Dans la note au personnel, Serge Weinberg*, le dirigeant intérimaire depuis le 29 octobre, ne s’en cache pas : pas question de rêver : « Le conseil poursuivra la stratégie qu’il a initiée dès 2008 »

Les dirigeants entendent poursuivre la stratégie menée dans la continuité en 1996, 1999, 2004, 2008, 2011, 2014…

Sanofi est un groupe pharmaceutique qui s'est constitué par des acquisitions successives, et par la fusion en 2004 d’Aventis et de Sanofi-Synthélabo.

Aventis étant né en 1999, de la fusion de Hoechst, Rhône-Poulenc , Roussel-Uclaf, Rorer et Marion et Fisons  Sanofi-Synthélabo étant né en 1999,  de la fusion de Sanofi (filiale du groupe pétrolier Elf) et de Synthélabo (filiale du groupe de cosmétiques L'Oréal).

Ces fusions intensives (cf annexe) se sont toutes accompagnées de suppressions d’emplois, de fermetures de sites, de développement de la précarité, d’angoisses pour les salariés et leur famille.

Cette stratégie a été menée dans la continuité par des hommes qui ont tous dirigé et/ou participé aux fusions, absorptions, déconstruction, cessions, restructuration de Roussel Uclaf, d’Aventis, Synthélabo, Rhône Poulenc et aujourd’hui Sanofi : Thierry Desmaret, Igor Landau, JR Fourtou, JF Dehecq, Chris Viehbacher, Serge Weinberg…

Des hommes qui tous, se sont enrichis. En 9 ans, les dividendes ont explosé : +133%. En 2014 : 3,7 milliards seront versés aux actionnaires soit 55% du résultat net.

Tous, sont ou ont été, membres ou président du conseil administration.

Durant, ces 15 dernières années, leur obsession de la rentabilité financière les a conduit à supprimer des activités indispensables en recherche comme en production (exemple : la recherche de nouveaux antibiotiques. Complètement obnubilées par l’augmentation du dividende, les restructurations se sont succédées à un rythme démentiel de 2009 à 2014 conduisant en France à 4800 suppressions d’emplois directs en 6 ans).

L’entreprise que veulent les salariés, dont le pays a besoin, est-elle faite pour les actionnaires et leurs immenses dividendes ou pour favoriser la santé de tous en s’appuyant sur l’avancée des connaissances et des coopérations dans le monde. Cette entreprise ne doit-elle pas disposer de moyens pour un travail de qualité ? Ces objectifs ne seraient- ils pas plus stimulants ?

N’avons-nous pas envie de construire ensemble, avec toutes les composantes de la société civile, un avenir innovant, éthique, porteur de progrès et de démocratie ?

Tout au long de l’histoire du groupe, les salarié(e)s n’ont-ils pas impulsé des propositions, des luttes pour cela ?

Aujourd’hui, puisque la question des pouvoirs est posée consécutivement au départ du 1er dirigeant, n’est-ce pas le moment, de prendre ce problème à bras le corps, afin de lier aspirations et mise en œuvre ?

Si nous estimons que l’entreprise doit être utile, efficace, solidaire, porteuse de valeurs collectives, de satisfaction individuelle, cette question relève-t-elle de l’imaginaire ?

Force est de constater que le bilan des dirigeants de SANOFI est un désastre pour le société toute entière, En témoigne leurs décisions de destructions d’emplois alimentant le chômage, le rejet des jeunes en ne leur offrant que la précarité, le management par la contrainte, l’abandon de sites appauvrissant les régions, la ponction des fonds publics et de la sécurité sociale.

Peut-on continuer ainsi ?

Sur quelle base ces dirigeants sont-ils légitimés quand leurs actes les rendent illégitimes ?

Ils détruisent au lieu de développer. Ils sont dangereux, nuisibles, ils détournent la finalité sociale de l’entreprise pour un coût exorbitant pour la société.

Nous l’avons expérimenté et l’expérimentons chaque jour. Dans les faits la légitimité de leur pouvoir est remise en cause.

On ne peut servir deux maîtres à la fois : les actionnaires et la santé de tous… La santé étant un bien universel, la recherche et la production de médicaments, doivent être dirigés par ceux qui n’ont aucun intérêt à servir les actionnaires. La question d’une maîtrise et d’une véritable appropriation sociale est posée.

Une entreprise, où les orientations de recherche, les financements seraient utiles à chacun et à tous, décidés en lien avec les intérêts de la population en France et dans le monde, où les jeunes pourraient prendre place et assurer le renouvellement générationnel des ressources qualifiées, une entreprise sous maîtrise citoyenne, n’est-ce pas un projet d’avenir ?

Ce projet, réellement en rupture avec la spirale infernale du démantèlement de la recherche pharma, n’est-il pas le seul projet véritablement innovant ?

Et si nous le voulions ?

Comme à plusieurs reprises ceux qui nous ont précédés, nous ont montré le chemin.

(le chemin se fait en marchant - Antonio Machado)

 

Thierry Bodin, Danielle Sanchez, Danielle Montel, Daniel Vergnaud

Auteurs de Sanofi Big Pharma, l’urgence de la Maîtrise sociale

Pierre Zarka (Observatoire des Mouvements de la Société)

Annexe

En 2001 : cession de l'usine de production d’Aventis, située à l'Aigle (Orne), qui emploie 224 salariés.

En 2003 : cession de l’usine Rhone poulenc de Saint-Genis-Laval, près de Lyon et ses 329 salariés

En 2004 : cession de l’usine d’Aventis de Villeneuve la Garenne

En 2004 : cession de l’usine de Notre-Dame-de-Bondeville (Seine-Maritime) et ses 648 salariés

En 2004 : fermeture du centre de recherches d’Aventis ex Roussel Uclaf de Romainville et ses 1863 salariés

En 2008 : le centre de production chimique de Vitry sur seine (94) est restructuré avec 300 emplois supprimés

En 2009 : le site de production pharmaceutique de Colommiers est cédé.

En 2010, les sites de recherche et développement de Bagneux, Rueil-Malmaison , Labège près de Toulouse et Evry sont fermés avec diminution et transfert des effectifs sur les autres sites de R&D.

En 2010 : cession du site de développement de Porcheville

En 2013 : Fermeture des centres de production chimique de Romainville et Neuville sur Saône reconverti en partie en site de production de vaccins.

En 2014 : le centre de recherches de Toulouse de 600 chercheurs est déstructuré avec décision de s’en désengager ; arrêt des activités de recherche sur Montpellier ou ne restent que des activités de développement.

En 2014 : annonce du projet de cession du site de production pharmaceutique de Quetigny

Dans toutes les activités durant ces 6 dernières années, il y a eu des plans massifs de suppression d’emplois (Recherche, production de principes actifs (chimie), production pharmaceutique, production de vaccins, services centraux et visite médicale).

Quatre mille huit cents emplois directs ont été supprimés et des milliers d’emplois induits ces 6 dernières années par la troisième entreprise française en terme de profitabilité derrière Total et la BNP.

 

 

Il y a actuellement 1 réactions

  • Les utilisateurs de produits de santé sont aussi concernés

    Bonjour,

    Je pense qu’il faut aussi faire un parallèle avec la qualité des produits fabriqués par Sanofi, en lien avec les acquisitions/fusions successives. Je veux parler notamment de la fabrication des vaccins, avec le choix de l’aluminium comme adjuvant. Tout le monde connait maintenant les controverses au sujet de cet adjuvant, et l’Humanité en a très clairement parlé dans son article du 18 septembre 2014.

    Pour mieux appréhender les choix de l’industrie pharmaceutique, nous avons étudié la vie de certains vaccins commercialisés par les sociétés qui ont progressivement formé Sanofi, à savoir l'Institut Pasteur, l'Institut Mérieux, Aventis, Sanofi. Cette étude porte sur les années 1966 à 2012, et notamment sur 3 périodes clés : 1985 à 1988, 2000/2001, 2004 à 2008. Ces 3 périodes correspondent à des rachats/fusions de ces entreprises, suivis aussitôt de "rationalisation" de production, comme cela est bien indiqué dans l’article.

    Je voudrais juste donner deux exemples de ces choix de production, qui nous concernent de très près, nous qui sommes atteints de myofasciite à macrophages, une maladie neuromusculaire induite par les sels d’aluminium utilisés comme adjuvants vaccinaux:

    • L’Institut Pasteur avait décidé, compte-tenu des alertes sur l’aluminium, d’utiliser comme adjuvant le phosphate de calcium, composant naturel de l’organisme. Un choix de Santé Publique. Mais en 1985, l'Institut Mérieux rachète la branche vaccins de l’Institut Pasteur. Et l’Institut Mérieux fait le choix d’arrêter la production de vaccins à base de phosphate de calcium. Pourquoi ? Le Directeur scientifique avouera en 2012, dans le documentaire de France 5 « Aluminium, notre poison quotidien » : «dans un souci de rationalisation l’Institut Mérieux a dit « écoutez, on laisse tomber le phosphate de calcium, tout le monde fait de l’hydroxyde d’aluminium. (…) Dans une industrie, c’est toujours plus compliqué d’avoir différents produits qu’il faut mélanger, pas mélanger, éviter de mélanger, etc. C’est plus simple d’avoir une ligne unique. »

    • Sanofi ira ainsi jusqu’à falsifier des données afin de faire disparaitre un vaccin sans aluminium, le DTPolio Mérieux, en juin 2008. Une plainte contre X est déposée au pénal pour « faux, usage de faux, escroquerie, atteinte à l’intégrité de la personne, mise en danger de la personne/risques causés à autrui » .

    Alors oui, nous partageons votre conclusion : il est urgent que les choix stratégiques de Sanofi soient dictés par le souci du bien public, dans l’intérêt de la population, et dans l’intérêt de ses salariés qui retrouveront ainsi une fierté légitime grâce à une production conforme aux besoins de santé publique. Et la question de l’appropriation sociale de cet outil est légitime.

    Didier Lambert Président de l’association E3M (Entraide aux Malades de Myofasciite à Macrophages)

    Par Didier Lambert, le 09 novembre 2014 à 10:05.

 

Mercredi 29 octobre,  Chris Viehbacher, Directeur Général de Sanofi, a été dégagé

le 07 novembre 2014

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